L'atelier de Jean-Paul Thaéron se situe dans la zone d'activité de Kerdrioual, à Lanrivoaré, dans le Finistère.
Février 2025.
Au fil des années et du travail, la configuration de l'atelier évolue. Les nécessités de la création entraînent divers aménagements. Des modifications s'imposent pour que le lieu convienne aux désirs de l'artiste.
"Ne rien oublier. Mettre en valeur les jalons essentiels du parcours. Ne pas négliger les marques antérieures, les apparitions d'un trait, les signes qui autrefois me furent révélés."
Les créations de l'artiste se rattachent tout autant à la peinture qu'à la sculpture. Elles abordent de front les problèmes de la couleur comme ceux de l'espace.
Le plaisir que procure la réalisation de grands formats est égal à la puissance qui s'en dégage.
J-P T, de l’esprit des lieux…
Nous vous proposons une interprétation toute personnelle et hypothétique du travail de Jean-Paul Thaéron et en nous appuyant sur quelques éléments ethnologiques et historiques locaux. En gagnant son atelier en ce début d’après-midi, nous avons fait un détour par la D 168, à l’entrée du bourg en direction de Ploudalmézeau. Nous avons lentement fait le tour de l’îlot directionnel au dallage de pierre et d’où surgissent depuis l’an 2000 en perçant la surface, ses deux sculptures colorées, un triangle ondulant ainsi qu’un petit obélisque, de même. Nous souhaitions nous les remettre dans l’œil.
Dans son travail on retrouve des variations et des séries sur des formes anthropomorphiques, végétales, minérales inspirées de monolithes et de mégalithes, autant pour les peintures que pour les sculptures. Il y a également des formes purement imaginaires ou oniriques.
Revenons au lieu, à la commune léonarde ou l’artiste réside et travaille depuis un peu plus de trente ans, Lanrivoaré. Une trentaine d’années c’est une relative longue durée, on peut penser qu’il s’y trouve bien et il n’est totalement saugrenu non plus d’imaginer que « l’esprit » des lieux a pu finir par l’imprégner. Lanrivoaré a pour saint patron, Saint-Rivoaré, soit Saint-Rivoal. Ici sur le territoire de cette commune du Léon, d’une altitude moyenne de cent mètres, de 1400 habitants, nous retrouvons des traces tangibles d’occupations humaines anciennes, quelques mégalithes, deux tumulus de l’âge du bronze, l’ermitage d’un autre saint local, Saint-Hervé, apparenté au précédent. Plus étonnant peut-être, en partant d’ici, de son atelier à Kerdrioual, en direction du bourg et de l’église, nous croisons ses deux sculptures sur la D 168. En arrivant à l’enclos paroissial, au flanc sud de l’église dans le cimetière communal, on remarque légèrement en contrebas, une construction très minérale. Un cimetière secondaire bien plus ancien que celui où il se trouve, il est communément dénommé le cimetière des 7777 saints et fait référence à l’histoire religieuse locale. Il est totalement bâti en granite, avec en particulier un dallage d’opus incertum et où à l’une des extrémités sont disposées, sept à huit boules de granite, de tailles inégales et figurant un épisode de la légende où des pains se seraient trouvés changés en pierre, en représailles par le saint thaumaturge ! En plus cet édifice clos est borné à son entrée par une stèle gallo-romaine, dont l’écriture ancienne et érodée est difficilement déchiffrable.
Donc ceci exposé, l’hypothèse que nous formulons est la suivante. Dans son travail artistique, Jean-Paul Thaéron ne fait-il pas résonner et correspondre ses propres œuvres, peintes, sculptées dessinées aux 20ème et 21ème siècles, avec les forces telluriques qui ont pu se manifester ici également sur ce territoire de Lanrivoaré, depuis quelques milliers d’années ? Et cette question n’apporte évidemment pas de réponse…
Yves PAILLER, le 19-01-2017.
Au cours du printemps 2024, l'activité se porte sur ce type de peintures où le noir et le blanc dominent. En contrepoint, la couleur vient souligner une forme ou circonscrire un contour.
Deux peintures de 2024. L'une est faite en janvier, l'autre un mois plus tard. La diversité des écritures permet le renouvellement des effets visuels.
A gauche, un tableau de juin 1999. Un paysage imaginaire avec roches et pavois.
Au fond, une peinture faite cinq ans plus tôt en 1994. Elle comporte une vignette avec trois modules, des flammes amandes, un cadre en éclat et une ondulation tripartite.
Vive la couleur.
Ici,plusieurs pièces sont en chantier simultanément. Verticales et horizontales se partagent le terrain.
"Décollage", 1997.
Le grand atelier est propice aux expérimentations en tous genres.
Ce jour-là, le portail grand ouvert laissait le soleil illuminer les courbes gracieuses de la sculpture.
Une "Peinture", huile sur toile, 230 x 190 cm, en cours d'exécution au mois de juillet 2013.
Les temps de séchage de la peinture à l'huile permettent de créer des transitions entre les surfaces colorées par des effets de brossage qui les solidarisent grâce à un léger flouté.
"Au Jardin", 1985.
La pièce avait été élaborée à partir de sensations enfantines liées à des souvenirs de manèges forains. Des éléments floraux, des pièces de nature architecturale, un pilier, des boucles et un socle surélevé composaient le tout. Elle a été exposée puis détruite plus tard.
"Silver Sea", sculpture. 1986. Aluminium, peinture, 245 x 153 x 135 cm.
Dans le prolongement des sculptures "Au Jardin", "Silver Sea" s'appuie sur les mêmes données formelles, mais qui deviennent plus épurées. Le titre fait référence à un cargo observé le long d'un quai du port de commerce à Brest.
"Au Jardin", sculpture. 1985. Aluminium, peinture. 247 x 200 x 180 cm.
Au cours de l'année 1985, les sculptures commencent à prendre une tournure différente dans leurs volumes. La linéarité typique des séries précédentes fait place progressivement, en s'appuyant sur un principe de juxtaposition et d'assemblage, à des formes plus massives. Le jeu des combinaisons entre les éléments fins et ceux qui sont pleins ouvre sur de nouvelles possibilités.
Lors de l'année passée à Berlin en 1982, grâce à une bourse de l'OFAJ en tant que "Jeune Artiste", Jean-Paul Thaéron développe son travail sur les "reliefs muraux". Dès 1983, le rapport à la sculpture polychrome est accentué. La linéarité, le jeu des courbes, le plein et le vide et la couleur appliquée de façon gestuelle caractérisent cette période.
Jean-Paul Thaéron
On ne se retrouve pas sculpteur du jour au lendemain. Chez Thaéron, aucun empirisme, rien qui ne soit pas le fruit de l’expérience et du travail. Et pourtant tout est libre. C’est en humoriste et en dialecticien qu’il répond à l’interrogation fatale… Peinture ou sculpture ? Il les traite l’une par l’autre, met l’une à l’épreuve de l’autre pour que, paradoxe, elles se révèlent leurs frontières en les emmêlant. […]
La défense et illustration par Thaéron du métal léger, pour sa maniabilité, pour sa docilité sans mollesse, l’a conduit à répudier la massivité autant que l’ascétisme. Le volume naît pour l’essentiel de la serpentation ensemble des bandes d’aluminium.Dans son geste lamellibranche, dans sa torsion amusée, le métal se permet tous les effets de brillance et de matité, tandis que peuvent s’opposer et se répondre chez lui la nudité blanche et la plus grande richesse chromatique. Mais la couleur elle-même, jouant la valeur à l’occasion, peut à son tour susciter le relief et l’on devine que bientôt des volumes clos trouveront leur place dans cette économie enthousiaste de percussion et de caresse enroulée. Le dressé et le rampant, la scie et l’escarboucle, le roide et le tortillon, les socles ironiques et la tentation monumentale, tout cela nous offre de drôles de buissons ardents, dont la consumation est comme suspendue en un tout de main… Jean-Paul Thaéron chaudronne l’ébullition elle-même.
Gilles Cornec
©Jean-Paul Thaéron. Tous droits réservés.
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