Un environnement particulier, le littoral finistérien. Une étude sur les phénomènes physiques, économiques, sociaux. La mise en scène de réalités découlant d’une spécificité régionale. Un mode de vie près de la mer, dans un territoire précis. 

Le contexte familiale. Je suis né à Concarneau. Le fait d’être issu d’une famille de marins a naturellement modelé mes goûts. Dans mon enfance, la fréquentation des ports et les voyages maritimes m’ont vivement impressionné. 

En 1975 et durant trois ans, j’ai mené un travail plastique dans lequel le domaine maritime entre pour une part essentielle. Intitulée « Objet / Signe /  Littoral » cette série trouve son origine dans le constat d’une activité humaine. La navigation côtière. Le monde de la pêche avec ses outils, les casiers, les filets, les cordages, les bouées. 

« Objet / Signe / Littoral » se caractérise par l’emploi de flotteurs de liège. Ceux-ci étaient utilisés autrefois par les marins pour servir de bouées de repère aux casiers immergés, ou comme lignes de flottaison des filets de pêche. Ils témoignent d’un temps quasiment révolu et sont remplacés aujourd’hui par des matières synthétiques. 

Le flotteur de liège a une histoire. Le matériau initial est modifié par étapes successives. L’écorce est débitée du chêne liège, puis elle est transformée en objet utilitaire qu'utilisent les pêcheurs. Le liège s’use peu à peu sous l’effet de l’océan, des pluies et du travail. Enfin, rebus rejeté sur l’estran par les marées, voué à la disparition, passant de l’objet fonctionnel au déchet, je le récupérais sur les plages. Ce sont les lieux où mon travail commençait  à prendre forme. 

Le petit carré de liège troué servant de flotteur est typique d’un certain monde maritime. Les flotteurs de liège se situent entre la nature et l’homme. J’aimais les chercher le long des côtes. Plaisir qui génère un travail. 

Peints et fixés sur panneaux de bois, les flotteurs sont juxtaposés de façon linéaire et ordonnée. Le résultat constitue une sorte d’écriture. Une liste de signes primitifs de forme idéographique. Le choix des couleurs employées pour les peindre est inspiré des couleurs franches des bateaux de pêche, la gamme chromatique s’appuyant sur les traditions locales. La couleur modifie l’objet et lui donne une valeur de signe. 

Ces travaux participent d’une démarche qui anticipe les problématiques contemporaines liées à l’écologie, à l’attention portée au retraitement des déchets, au recyclage, à la préservation des espaces naturels et aux questionnements relatifs à l’environnement.